The Crystal Ship:

Lisbon as Lazarean City after The Impossible

Résumé

Pour une ville historiquement marquée par un tsunami, le film « Lo Imposible » (J.A. Bayona, 2012) revendique son image-cristal. C’est avec le fracas de la grande vague du séisme de 2004 que se réactive le traumatisme du tremblement de terre qui a dévasté Lisbonne en 1755. Ville lazarenta, elle hantera désormais l’intervalle entre l’actuel et le virtuel, entre la survie et la perte. Ce sont les décombres — ceux de la mémoire aussi — qui nous condamnent à la dérive dans l’image-cristal de cette ville portuaire, nous, habitants devenus passagers de ce que Deleuze appelait « le navire des morts ».

La main a dessiné — la vague, la carte, et les intérieurs inondés rappelant l’étrangeté fantomatique de « Une semaine de bonté » de Max Ernst. Et l’imprimante a imprimé — ce sont les images-cristal de Lo Imposible, lorsque, dans la salle d’opération, la survivante Maria s’enfonce dans la mémoire du naufrage de son corps mort-vivant.

Le dessin et la réimpression sont les méthodes qui soutiennent plastiquement ce essai visuel, en parallèle avec le principe du montage, qui situe l’image-cristal dans son affinité avec l’anachronisme de « l’image dialectique » benjaminienne. Le Jetztzeit est ici l’expérience de flotter indéfiniment entre une catastrophe passée et sa possibilité future.

Mots-clés : image-cristal, Lisbonne, Lo Imposible, montage, image dialectique